Résumé
Cet exposé reprend la thématique générale du projet IMPROTECH, puis développe les travaux
réalisés au CAMS. La problématique d'IMPROTECH prolonge celle du sociologue Trevor Pinch dans
son travail sur l'impact du synthétiseur Moog en musique mené selon la méthode des science studies
en étudiant la co-construction de la technique et de ses usages.
L'objectif d'IMPROTECH était de compléter cette approche par l'étude des savoirs musicaux eux-mêmes, en s'intéressant à l'objet
musical et au contexte social dans lequel il est produit, c'est-à-dire à des communautés de gens partageant
certaines valeurs culturelles. Dans l'enquête menée par le CAMS auprès de musiciens experts, les technologies
utilisées dans l'improvisation apparaissent comme des « technologies de la représentation »
indissociables d'une relation de vivant à vivant (concert, rituel), et devant permettre le maximum d'interaction
entre participants musiciens et public. L'enquête a également montré que lorsque, sur le plan du rythme, les technologies sont
amenées à se synchroniser avec une pulsation régulière,
le principe du bouclage utilisé dans la musique techno est l'enjeu d'un conflit de valeurs
entre communautés (jazz d'un côté, techno de l'autre). Le logiciel d'improvisation développé par le CAMS a exploré certaines
techniques visant à assouplir le bouclage pour réaliser ce qu'on pourrait appeler des « effets de swing »
s'inspirant de procédés utilisés par les jazzmen (bouclage ponctuel calé sur la pulsation analogue au riff,
bouclage de longueur variable, multiplication de la vitesse de lecture reprenant le principe du dédoublement de tempo).